Les secrets des vikings 2/2

A l’occasion de la parution de Northlanders, Patrick Weber revient sur quelques points, souvent méconnus, à propos des vikings.

À quoi ressemblait l’organisation sociale des Vikings ?

Il y a parfois dans les caricatures un fond de vérité. La société viking est bel et bien machiste mais… pas seulement ! Dans un monde où les hommes sont souvent partis pour le commerce ou les raids, la femme demeure au pays et occupe une fonction de premier plan. Elle règne, souvent de manière autoritaire, sur sa famille, sa maison et parfois même sur son clan. Sous des dehors barbares, la société viking est particulièrement normative sur le plan des mœurs. La polygamie est courante, mais la première épouse joue un rôle central. Le mariage est précédé de fiançailles et les déviances sexuelles sont sévèrement proscrites. De nombreux auteurs comme l’excellent Régis BOYER ont mis l’accent sur la dimension pudique du peuple viking qui répugne à l’étalage des sentiments.

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Sur le plan sociétal, les Vikings répondent à une organisation hiérarchique très précise. Le schéma du clan correspond à celui de la famille et repose sur une structure assez complexe. Une distinction précise était faite entre les hommes libres et les prises de guerre qui étaient, d’une certaine manière, des esclaves mais aptes à être affranchis. La notion de solidarité entre les membres du clan est aussi essentielle dans la vie quotidienne. L’expression la plus ancienne du débat public dans l’esprit viking est à chercher dans le thing, une assemblée saisonnière à laquelle les hommes libres prennent part pour discuter des grandes décisions qui engagent la communauté. Ces réunions permettent la réunion des membres du clan et sont souvent liées à des manifestations religieuses.

Quel est le secret du drakkar ?

Les Vikings ne seraient pas ce qu’ils sont s’ils n’avaient pas inventé un type de bateau unique au monde. Le langskip, que nous appelons « drakkar » dans le langage courant, se distingue par son extrême simplicité et sa rapidité d’action. Le bateau d’Oseberg découvert au début du XXe siècle en Norvège a fixé l’image éternelle du navire viking. Autre source d’inspiration, la Tapisserie de Bayeux, une œuvre de propagande à la gloire de Guillaume le Conquérant qui livre la meilleure interprétation de la vie quotidienne et militaire des hommes du nord. Le navire possède une souplesse unique qui lui permet non seulement d’affronter la haute mer, mais aussi de remonter les fleuves à belle allure. Décorés avec sobriété et finesse, ces navires continuent à nous fasciner. La proue est souvent ornée par des animaux mythiques comme le dragon, une figure apotropaïque (destinée à effrayer les ennemis) qui a fini par donner son nom à ces navires. Au risque de bouleverser les idées reçues, il faut aussi préciser que les Scandinaves possédaient des navires différents selon leur affectation. Les rares navires que nous admirons aujourd’hui dans les musées norvégiens étaient des vaisseaux destinés aux funérailles, mais devaient être proches des navires utilisés par les hommes du Nord.

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Connaît-on l’écriture des Vikings ?

Les Vikings possèdent leur système d’écriture à travers les runes. Un alphabet ancien et un autre plus récent, des futharks – terme dérivé des premières lettres des 6 premières runes : Feoh, Ur, Thorn, As, Rad, Ken –, ont permis la transmission des idées, des affaires et de l’imaginaire viking. Hélas, peu de vestiges sont parvenus jusqu’à nous, essentiellement à cause des mauvaises conditions de conservation, mais aussi par les destructions causées au fil de l’évangélisation des terres vikings. Il faut aussi préciser que les Vikings se distinguent par une grande aptitude au pragmatisme. Dès qu’ils ont embrassé la foi de leurs anciens ennemis ou même qu’ils se soient installés en terre lointaine, ils ont souvent renoncé à leurs anciennes pratiques. C’est ce qui fait que leurs traces archéologiques sont souvent discrètes. C’est à travers des témoignages privilégiés (comme la Tapisserie de Bayeux) ou encore les sagas (l’Heimskingla), mais aussi de la toponymie (notamment en Normandie), que leur monde nous est mieux connu.

 

 

 

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